Transition digitale et Transition écologique vues par les entreprises
Cet article s’appui sur 2 études :
(1) Enquête du CampusFab sur la révolution numérique
Dans les 2 cas, la démarche est la même : identifier les objectifs et les enjeux majeurs, les actions induites en terme de technologie ou méthodologie, les besoins en compétences puis les moyens notamment par des dispositifs formations. La dimension collaborative du travail ressort comme un point commun des 2 transitions et dans les 2 cas, la mise en œuvre conduit à une refonte de l’organisation et à une évolution continue des métiers, dans tous les secteurs et à tous les niveaux hiérarchiques de l’entreprise.
1- La révolution numérique selon enquête du CampusFab
👉 Objectifs et enjeux majeurs : la compétitivité est le 1er objectif cité par les entreprises, mais d’autres objectifs peuvent être priorisés en fonction du type d’entreprise, tels que le développement de l’offre (pour fabrication de produit : personnalisation, nouveaux modes de production) ou la réputation et l’impact environnemental (pour les services, réalisation d’Analyse de Cycle de Vie…). L’Enjeu majeur est le développement des compétences et du savoir-faire., suivi par la conduite du changement. Les PME mettent toutefois davantage de priorité sur le recrutement de nouveaux profils et les ETI sur la stratégie de developpement numérique.
👉 Facilitateurs techniques : Les 6 facilitateurs principaux vont nécessiter des besoins de compétences : Objets connectés, Robotique/Cobotique, Maintenance prédictive, Réalité augmentée et virtuelle, fabrication additive, Jumeau numérique. Les autres facilitateurs cités sont le digitalisation, le cybersécurité et l’Intelligence Artificielle.
Le point important est la continuité numérique à travers les secteurs : il s’agit de mettre en réseau ces différents outils pour créer un flux d’information, et renseigner tous les acteurs du processus sur l’ensemble du cycle de vie du produit ainsi que des infrastructures associées. La continuité numérique facilite la communication et renforce la dimension collaborative du travail.
👉 Comment faire face à ces besoins de compétences ? Les solutions font appel à de la formation, mais aussi de l’accompagnement/conseil, à des recrutements ou de la sous-traitance. La formation en continue et l’alternance prennent de plus en plus d’importance.
Parmi les formations les plus recherchées on trouve : la surveillance de l’état opérationnel d’un atelier de production, le contrôle et maintenance de ligne et cellule de production, l’accompagnement à la digitalisation des process, mais aussi (pour TPE) les plateformes collaboratives (pour la conception ou l’industrialisation), les équipements, la robotique-cobotique…
👉 En conclusion, la mise en œuvre de la digitalisation des process et de la continuité numérique appelle à la refonte de l’organisation et à une évolution continue des métiers, dans tous les secteurs et à tous les niveaux hiérarchiques de l’entreprise.
2- L’impact de la transition écologique sur les métiers à l’horizon 2025 selon étude OPCO2I
👉 l’étude de l’OBSERVATOIRE COMPÉTENCES INDUSTRIES présente 39 fiches enjeux de la transition écologique, classées par branche professionnelle et des enjeux interindustriels.
Parmi ses enjeux, la sobriété n’est pas oubliée : elle est déclinée selon4 types : structurelle (organiser pour favoriser la modération), dimensionnelle (au juste nécessaire), usage (fonctionnalité) et coopérative (mutualiser les biens).
La directive IED EU (2020) a donné lieu à des BREF sectoriels pour indiquer les valeurs limites des émissions industrielles et un BREF trans-sectoriel dédié à l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Chacun des 6 axes de transition (consommation énergétique,..) a été analysé selon une matrice de matérialité par branche (appui sur le référentiel SASB – périmètre de l’approvisionnement à la sortie d’usine) : les axes prioritaires sont la consommation de matières 1ères et Energie, ainsi que la gestion des déchets.
🚴 Les moteurs du changement sont principalement : l’attente des clients, la gestion économique et la loi.
⚠️ Les difficultés rencontrées sont : l’approvisionnement en matières alternatives et la disponibilité des technologies.
📆 Les actions prioritaires mises en œuvre sont : l’évolution des process, la sensibilisation des collaborateurs mais aussi : de nouveaux positionnements, les relations fournisseurs, la communication et logistique, ainsi qu’un peu plus d’actions sur les compétences et le développement de projets territoriaux.
👉 Impacts sur les compétences et l’offre de formations :
- Les métiers de la logistique, des déchets, de la sécurité, de la qualité et de l’environnement sont fortement impactés, avec des attendus métiers sur les normes, des risques spécifiques aux technologies en lien avec la transition, la conduite changement, l’identification des enjeux liés aux déchets, à la gestion de l’eau, l’optimisation de la logistique. Ces métiers ont davantage besoin d’experts et de conseil en optimisation.
- Les métiers de Recherche et Développement sont concernés par le développement de nouvelles technologies « vertes » (capture de carbone, hydrogène, machines et équipements électriques…) et la réduction de l’empreinte environnementale des produits (produits éco conçus, recyclables, plus durables dans le temps…) et des process. Ces métiers doivent mettre en œuvre une démarche d’ éco-conception, avec l’Analyse de Cycle de Vie, une vision systémique, la prise en compte des réglementations, des énergies ou matériaux alternatifs et des outils numériques.
- Le métier des achats est fortement impacté par le renforcement de critères environnementaux dans les stratégies d’achat, le devoir de vigilance ou encore la nécessité d’identifier de nouvelles filières de matières premières. Les attendus sont : la mise en œuvre d’une démarche d’achats responsables, la maîtrise de la filière approvisionnement, le dialogue avec les fournisseurs et la traçabilité des données.
- Les métiers des méthodes et de l’industrialisation sont attendus notamment sur optimisation des procédés.
- Les métiers de l’installation et de la maintenance seront principalement impactés par l’électrification des process et des équipements : maintenance équipements électriques, habilitations, outils numériques, thermodynamique (pompe à chaleur…).
- Les métiers de la fabrication seront affectés dans une moindre mesure : par les changements de matières ou de process et devront être sensibilisés aux gestes écologiques, à la résolution de problèmes et l’optimisation (tri, conditionnement)… A titre d’exemple, on peut citer le passage de l’usinage à la fabrication additive.
L’offre de formation existe mais les besoins sont peu identifiés et l’opco2i prévoit une hausse des besoins de formation continue.
Parmi les ressources mises à disposition par l’organisme, se trouve notamment une étude sur l’adéquation des formations aux besoins métiers en IdF : https://observatoire-competences-industries.fr/ressources/etude-ile-de-france/
Cette étude présente un zoom sur 20 métiers avec des fiches très complètes : Techniciens de maintenance industrielle, Data analyst, Opérateur de commande numérique, Conducteur d’equipement industriel, Roboticien, Chargé de projet R&D, Chef équipe, Ingénieur CA, Ingénieur et technicien en bioproduction, Ajusteur-monteur, Ingénieur de production, Technicien de fabrication additive ou de conception, Dessinateur-projeteur, Modéliste, Responsable d’unité de production & planification, Technicien cybersécurité, Technicien méthodes, Régleur.
👉 En conslusion, 3 axes d’action sont préconisés :
1- Intégrer la transition écologique dans les formations (à partir des enjeux prioritaires pour l’entreprise, en faisant le lien avec les activités de chacun) et communiquer auprès des collaborateurs,
2- Capitaliser sur la transition des métiers pour attirer les talents,
3- Miser sur des actions collectives : sensibilisation par exemple à l’aide d’ateliers Fresques, sans oublier les formateurs, mettre en place des plateformes échanges, des actions de branche ou par filière.